La Place d’Annie Ernaux est un ouvrage autobiographique écrit après la mort du père de l’auteur. Celui-ci, ouvrier, a réussi à échapper à sa condition en devenant propriétaire d’un café – épicerie en Normandie. C ’est la description d’un milieu simple, très simple, où chaque geste est destiné à la survie et où il n’est question ni d’émotions ni de poésie. L’écriture, délibérément « plate » selon l’auteur, montre sa volonté de ne pas engager le lecteur dans la nostalgie d’une classe populaire pauvre mais heureuse. Si Annie Ernaux veut réhabiliter un milieu social considéré comme inférieur, elle veut aussi dénoncer l’aliénation qui en résulte et la quasi-impossibilité de changer de « Place » dans la société. Ayant toutefois réussi à franchir la barrière sociale qui se dressait devant elle , elle décrit la profonde incompréhension qui s’est ensuite installée entre ses parents et elle. Elle explique que ce livre lui a permis de reprendre l’héritage qu’elle avait dû abandonner lorsqu’elle a intégré le monde bourgeois et cultivé où elle vit maintenant.
Ce livre constitue une étude sociologique très intéressante et montre les difficultés des « transfuges de classe » à assumer à la fois leur passé et leur présent.
La lecture de ce livre a aussi donné naissance à une discussion très intéressante sur la différence entre la France et les Etats-Unis, pays où la mobilité sociale est bien plus encouragée qu’en France.
Le Cercle Littéraire de Charleston 