S’adapter raconte l’histoire d’une famille dans laquelle naît un enfant lourdement handicapé.
Une particularité est que le récit est fait par les pierres du mur entourant la maison de cette famille. Les pierres sont des témoins et racontent l’histoire sans y mêler ni dialogues ni sentiments. Elles semblent faire partie de la famille, peut-être parce qu’elles sont comme elle résistantes, protectrices et symbolisent la continuité …. Il faut dire que tout cela se passe dans les Cévennes, pays montagneux dont l’auteure nous donne de magnifiques descriptions. Nous comprenons que les Cévenols doivent faire corps avec la nature et savoir résister pour survivre dans ce climat rude et ces reliefs escarpées. Il est donc tout à fait normal que les pierres se mettent à raconter des histoires, et le roman nous fait l’effet d’un conte….
La deuxième particularité du récit est qu’il est divisé en trois parties distinctes, qui vont expliquer les réactions du fils aîné, de la cadette et du petit dernier, né après la mort de l’enfant handicapé. Il est très peu question des parents. L’aîné va énormément s’attacher à l’enfant, et en quelque sorte se substituer à ses parents. Il va devenir soucieux au point de ne pas pouvoir vivre sa vie adulte normalement. La cadette va au contraire rejeter cet enfant qui lui vole l’attention de ses parents et de son frère. Après une période de rébellion elle se rend compte qu’elle peut sauver sa famille en choisissant de vivre sa vie loin de ce milieu étouffant. C’est elle qui va démontrer qu’il faut savoir dépasser sa souffrance. Le petit dernier, lui, va s’efforcer de combler le vide laissé par l’enfant mort. Il se demande s’il serait né si l’enfant n’était pas mort… Il porte un terrible poids sur ses épaules. Les trois enfants vont ainsi perdre l’innocence de leur enfance à cause de la naissance de leur frère handicapé. Ce récit est cependant positif car il montre avec tendresse, poésie et délicatesse comment chaque membre de la famille va découvrir tout l’amour dont il est capable, et cela grâce à l’enfant.
Très beau récit, très bien écrit, et que nous recommandons.
Le Cercle Littéraire de Charleston 